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Devenir Grand-mère : épisode 6 : Bienvenue Petit Prince
- Publié le : 10-09-22
- Catégorie : La famille
Le terme est là, nous sommes mi-août. Tous impatients. Mon cœur de maman s’inquiète quand même pas mal, je me projette dans ce que j’ai vécu moi, et je ne lui souhaite que de vivre cette expérience magnifiquement bien. Ils se sont bien préparés, avec tout ce qui leur était proposé.
La date dépasse de deux jours. Ma fille résiste malgré les conseils de l’entourage : elle veut un accouchement le plus naturel possible, et aimerait que Bébé arrive «tout seul » ! Comme elle est patiente. Elle se repose un maximum, la maison a déjà été nettoyée dix fois. Malgré tout, les contractions sont déjà là, mais ce ne sont pas encore les « efficaces ».
Après une semaine remplie de 5 « faux départs », elle peut enfin rentrer à la maternité et ils décident ensemble de provoquer les choses. Elle commence à être vraiment fatiguée.
J’étais soulagée, cette attente interminable va enfin cesser. Mais c’est vrai, elle est déçue, elle voulait éviter cela.
A partir de ce moment, nous sommes restées en contact (vive la technologie). D’un côté sa maman, de l’autre son papa, elle ne nous a plus lâchés. C’est une drôle de sensation que de vivre l’évolution de l’accouchement de sa fille en direct, via nos téléphones. Mais en même temps, c’est terriblement angoissant. Il n’était pas question de quitter ses mains, ce qu’elle était en train de vivre, apparemment pour elle. Alors, nous avons accepté tous, chacun de notre côté, d’être la seule à décider ce qui était bon pour elle.
Cette naissance a duré deux jours… deux nuits blanches pour tout le monde.
Lorsqu’enfin, à 3 heures du matin, son dernier message dit : je suis à 10 cm, j’éteins mon téléphone… Les minutes sont devenues des heures.
Je suis peut-être en train de devenir Grand-mère mais je dois me rendre encore au travail. Je me mets en route pour cela. Je craque dans ma voiture à 8H, et je le confie à mon amie, qui me dit : appelle-les, le papa te répondra si tout va bien. Un horrible sentiment me traversait. Cela ne me semblait bien évidemment pas normal, plus de 4 heures d’expulsion. Mais surtout, cela me projetait 30 ans en arrière. Et si elle était passée par les mêmes difficultés que moi ?
Son homme me répond tout de suite par vidéo et je les vois, le père et le fils, immédiatement. Bébé est calme sur le torse de son papa, les yeux grands ouverts dans les siens. Papa est épuisé, cela se voit, il est déconfit. Mais immédiatement je me mets à pleurer, ma fille… Il le comprend tout de suite et me dit : ça n’a pas été facile, il y a eu des complications mais elle va bien et il me la montre en vidéo, qui se repose.
Des heures de stress coulent de moi. Je suis envahie de toutes les émotions en même temps : soulagement, tristesse, déception, peur, émerveillement, tout se bouscule.
Dix minutes après, c’est elle qui m’appelle pour me rassurer et elle me raconte son histoire.
Comme toutes les mères au monde, elle a vécu une expérience en même temps traumatisante, et en même temps fabuleuse, et elle est définitivement une autre.
En tant que sa maman, je n’arrive pas encore à définir mes sentiments, mes sensations. J’éprouve, je crois, une grande fierté, mais aussi un sentiment de perte, de changement. Ca y est, je suis dans une autre génération et cela me fait peur.
Je ne connais pas encore bien ma place, j’aurai aussi celle qui me donneront. Je créerai du lien fort avec ce petit. J’espère en avoir le temps, et la place.
Pour le moment, il n’est pas encore tout à fait sorti d’elle, ils doivent emprunter ce chemin de la naissance, celui de couper le cordon doucement, pour créer un lien fort aussi entre eux. Je n’ai aucune peur, ils ont traversé le pire et je les vois si forts, si résilients. Encore une fois, l’amour guérit tout. Ils sont tous les trois merveilleux et tout se met en place. MA fille allaite et bébé grandit à une vitesse extraordinaire.
La technologie, une fois de plus, me permet d’avoir des images tous les jours, témoins de son ouverture au monde et cela est fantastique. Il est beau, éveillé, sage, il ne pleure pas, il s’exprime doucement quand il a faim et sa maman remplie d’amour le berce et lui donne le sein. Son papa est attentif et participatif, tellement doux lui aussi. Nos grandes familles les entoure.
Bienvenue à toi mon petit prince, tu as déjà changé ma vie et celle de tous. Tu as déjà l’énergie du sage, du tendre, de l’éveillé. J’en suis très sensible.
Cette semaine, quand je t’ai tenu dans mes bras, je t’ai promis de prendre soin de toi et de ta vie, et aussi de moi, pour être à tes côtés le plus longtemps possible.