S’il y a bien une chose devant laquelle chaque être vivant de l’humanité est confronté et qui place tout le monde sur un même pied d’égalité, c’est le temps qui passe. Que l’on soit riche ou pauvre, fort ou faible, ce temps est le même pour tous ou chacun.

Dans un précédent blog, je m’étais penché sur la définition du mot ‘senior’. A ce titre, on remarquait qu’il n’y avait pas une définition mais plusieurs définitions possibles. Sans vouloir réécrire cet article, on retiendra que deux groupes sont vraiment opposés tant sur leurs attentes de la vie que de leurs désirs de confort. Il s’agit des jeunes seniors et des vieux seniors.

C’est sur ce second groupe que portera mon attention ici. Les TGV (très grands vieillards mais pas qu’eux seulement) et la question de l’habitat. C’est entendu pour la majorité d’entre eux, le désir premier est de pouvoir rester chez soi le ‘plus longtemps possible’.
Malheureusement, parfois, la vie fait que le maintien à domicile n’est plus une option. Quelle qu’en soit la raison.

Début des années 80, j’avais trouvé un job d’étudiant dans une maison de repos que l’on appelait plus un «home». Je dois bien avouer que j’ai toujours été mal à l’aise avec cette dénomination, le «home». Ce home dépendait plus d’allocations et subventions de l’état que de ce que les pensionnaires pouvaient réellement payer.

C’est clair que la ‘jatte de café’ qui était servie à 15 heures n’était pas accompagnée de mignardises ou autres douceurs. Au mieux un Speculoos sinon une biscotte. Un morceau de tarte les grands jours. Les pensionnaires étaient, pour la plupart, ce que l’on appelait à l’époque, des petites gens, le peuple. Vous l’aurez compris, je n’étais pas parmi les plus nantis. Par la suite, j’ai continué à jober dans d’autres établissements pour seniors. J’ai beaucoup appris aux contacts de ces femmes et de ces hommes tant ils étaient demandeurs d’attention. Bien souvent il me suffisait de lire l’expression de leurs yeux pour les comprendre. De magnifiques souvenirs…

Pour revenir sur la question de l’habitat, dans les 80’, il n’y avait pas grand choix. On restait le plus longtemps chez soi, quand la perte d’autonomie s’imposait, on allait parfois chez ses enfants et puis en fonction de l’état de santé ou de dépendance, on était ‘placé’. (encore un terme que je n’aime pas dans ce contexte). A cette époque, il y avait les établissements tous conforts pour ceux qui pouvaient se le payer et puis, il y avait le ‘home’ pour les plus pauvres. C’était à peu près tout !
Heureusement, les choses ont bien changées depuis. Si ce n’est que le fossé entre riches et pauvres existent toujours…. Malheureusement !
Actuellement la moitié de la population belge a 50 ans ou plus. La question d’autonomie se posera dans un avenir que l’on souhaite le plus lointain pour eux. Pourtant, il nous faut y réfléchir. La question du logement fait partie de cette réflexion.

Les structures tout confort pour les plus nantis.
Il y a les résidences-services qui proposent des prestations hôtelières et de restauration haut de gamme où chacun de sent comme chez soi et en toute sécurité. De nombreuses activités y sont proposées telles que des excusions ou animations diverses. Il faut bien reconnaitre que ce type de logement est réservé à une élite. Et pour cause, le prix de départ de certaines de ces structures commence à plus ou moins 3000 euros/mois. A cela viennent s’ajouter des frais médicaux éventuels, et d’autres frais tels que le coiffeur, pédicure, les loisirs et sorties. Oui définitivement, ce type de logement s’adresse à une très faible partie de nos aînés. Qui plus est, il est à noter que lorsque votre état de santé se dégradera (santé physique ou troubles cognitifs) il vous sera poliment demandé de trouver un lieu plus adapté à votre condition. Ce type de logement s’avèrera donc transitoire. Entre votre propre domicile et une maison de repos médicalisée.

Il y a quelques semaines, je partageais un article du Vif qui attestait que « pour 75% des seniors, il est impossible d’assumer le coût d’une maison de repos. » Ce constat n’est pas récent et ne fait que prendre de l’ampleur.
C’est justement face à ce que j’appellerais un drame social, qu’apparaissent depuis quelques années des initiatives qui désirent mettre (ou remettre) le senior dans sa place parmi la famille et in extenso, dans un groupe social. J’entends par là, l’habitat multi-générationnel.
Le logement intergénérationnel peut être envisagé sous différentes formes.

Un logement Kangourou est un habitat qui accueille simultanément des personnes de différentes générations. Ce logement vise à garder le senior dans son logement, sinon dans une structure familiale. Cet habitat qui est plus qu’une simple cohabitation vise à encourager les relations ou interactions entre les différents locataires par l’échange de services notamment.
Belgique francophone, on voit de plus en plus d’initiative ou de projets existants où le concept est de proposer dans de petits lotissements une cohabitation entre personnes âgées et des adultes en difficulté et de jeunes mères. Ces types d’habitats sont bien souvent encadrés par des aides qui sont extérieures. Que ce soit des bénévoles ou pas ou bien d’autres services. (Service sociaux ou aides ménagère)

A Molenbeek-Saint-Jean, l’habitat kangourou de Dar Al Amar est un autre exemple de ce type de logement intergénérationnel. Il s’agit de deux maisons unifamiliales qui ont été aménagées en 4 appartements. Ces maisons sont partagées entre des personnes âgées belges et des familles issues de l’immigration avec enfants. La proximité permet à chacun de pouvoir s’entre-aider tout en vivant de manière indépendante. De cette manière, le senior pourra éventuellement garder les enfants pendant que les parents s’occupent des courses hebdomadaires de leur famille mais aussi de celles du senior. Au-delà de ces coups de main ponctuels, la personne âgée pourra rompre avec l’isolement et la solitude. Le sentiment d’insécurité sera aussi moins lourd à vivre pour l’aîné qui vit seul tandis que certains problèmes d’intégration de la famille immigrée s’estomperont grâce à cette vie « commune ». 

Une autre initiative a vu le jour depuis quelques années dans les villes ou agglomérations proches de centres universitaires ou écoles supérieures. Le principe : un kot d’étudiant chez un senior. Ici encore, l’idée est séduisante. Accueillir un student chez une personne âgée qui vit seule. Nombreux sont nos aînés qui vivent seuls dans leur maison. Ils disposent de pièces inoccupées. Ils souffrent de la solitude ou ont perdu une partie de leur autonomie. L’idée est d’offrir à la location un kot à prix abordable à un étudiant en contrepartie de petits services rendu durant la semaine. Faire les courses, sortir le chien, accompagnement chez le médecin.  Chacun y trouvera son compte. Pour l’étudiant, un logement à prix intéressant, pour l’aîné une compagnie, une présence et une aide ponctuelle.

Un professionnel du secteur me faisait part de certains doutes qu’il avait par rapport à ce type de logement sans remettre en cause le bien-fondé de ces initiatives. En effet, certains seniors peuvent faire l’objet d’abus. Prenons l’exemple de laisser sa carte de banque à une personne de « confiance » pour aller faire des courses ou effectuer des paiements…tant que l’aîné a toute sa tête, il peut toujours vérifier ses extraits de compte. Mais que se passe-t-il lorsque que ce dernier commence « à perdre la tête » ?? Les abus ne sont pas rares et font régulièrement les choux gras de l’actualité
Quelle que soit la formule choisie, la finalité est et restera toujours la même. Vieillir le mieux possible dans un environnement familiale. C’est précisément cet environnement qui est profitable à nos aînés mais pas qu’à eux.
A bientôt.